Sentiers emblématiques et parcours secrets pour explorer le patrimoine naturel des Cévennes

30/08/2025

Découvrir les incontournables : Les “grands chemins” des Cévennes

Traverser les Cévennes, c’est aussi marcher sur les traces de ceux qui les ont sillonnées des siècles durant. Plusieurs itinéraires emblématiques permettent d’appréhender la pluralité de ce massif :

  • Le GR70, Chemin de Stevenson : Du Monastier-sur-Gazeille à Saint-Jean-du-Gard, 272 km, soit 12 à 15 jours de marche pour vivre l’aventure mythique popularisée par Robert Louis Stevenson en 1878. Entre vastes forêts de pins et landes du Mont Lozère, ce sentier serpente dans les pas des muletiers d’autrefois (sources : Association Sur le Chemin de Stevenson).
  • Le GR6 et le GR7 : Ces deux GR, qui partagent des portions dans le Parc national, relient respectivement l’Atlantique à la Méditerranée et traversent les hauts plateaux, offrant une mosaïque de milieux : forêts de châtaigniers, schistes noirs du Bougès, chaos granitiques du mont Aigoual.
  • Le chemin Urbain V (GR670) : Partant du village natal du pape cévenol Urbain V, il invite à explorer à la fois patrimoine bâti (chapelles romanes, moulins) et naturel sur 325 km entre Haute-Loire et Gard.

Ces “grands chemins” traversent des sites classés Natura 2000, zones cœur du Parc National des Cévennes, et croisent parfois 5 des 10 villages labellisés “Plus beaux villages de France” du territoire. Côté pratique, les topos-guides de la FFRandonnée sont incontournables pour préparer ces longues itinérances.

L’exploration thématique : Faune, flore et paysages remarquables

Réservoir exceptionnel de biodiversité, les Cévennes représentent 30 % de la flore française sur à peine 0,5 % du territoire national, selon l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel). Voici quelques randonnées thématiques pour en prendre la mesure :

À la rencontre des vautours : Les gorges de la Jonte et du Tarn

Autour du village du Rozier, les sentiers (PR et GR) longent les gorges vertigineuses, survolées par les vautours fauve, moine, percnoptère et même le gypaète barbu, réintroduit dans les années 2010 (source). Plusieurs belvédères sont accessibles à pied en moins de 3 h : Point Sublime, Capluc, Vases de Sèvres et de Chine.

Forêts primaires et chaos granitiques : Le Mont Lozère

Classé Réserve de Biosphère, le toit des Cévennes culmine à 1 699 m. Au départ du col de Finiels, le circuit du Signal (voir topo-FFRandonnée) traverse des pelouses d’altitude où fleurit à la mi-juin la jonquille sauvage. En contrebas, les chaos de granite, dits “montjoies” (menhirs mythiques), ponctuent un paysage quasi surnaturel.

Le domaine méconnu des tourbières et landes

La boucle des tourbières de la Margeride (PR balisé), sur le plateau du Mont Stalagnan, offre un aperçu unique d’écosystèmes humides rares : linaigrettes, sphaignes, tritons alpestres s’y cachent. Cela fait des Cévennes un des rares massifs du sud où subsistent des tourbières d’altitude encore vivantes (Le Monde, 2019).

Se laisser surprendre par les villages perchés et l’histoire vivante

Randonner dans les Cévennes, c’est aussi traverser des villages où chaque pierre raconte une histoire. Certains itinéraires mêlent découverte architecturale et panoramas naturels :

  • Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault) : Départ pour la randonnée des Fenestrettes, un sentier muletier royal classé, qui grimpe vers la crête du cirque de l’Infernet, parmi chèvres sauvages et vues vertigineuses. (Balade de 3 à 4 h, voir site de l’Office du Tourisme Vallée de l’Hérault.)
  • La Corniche des Cévennes : Parcourue par le sentier de la draille du Languedoc utilisé lors du pastoralisme transhumant, elle relie Saint-Jean-du-Gard à Florac. Là, entre crêtes boisées et hameaux isolés, se découvre l’histoire conflictuelle des Camisards – avec possibilité de visites guidées à la Bastide de Mialet.
  • Barre-des-Cévennes à Florac : Le sentier du Mouretou relie deux portes du Parc national, coupant à travers châtaigneraies centenaires (3 à 5 h).

Lieux secrets et immersion nature pour tous niveaux

Hors des itinéraires balisés par les GR, de nombreux sentiers locaux (PR) ou circuits d'interprétation permettent une immersion accessible à tous :

  • La randonnée de la Cascade de Runes (Lozère) : En boucle depuis le hameau du Pont-de-Montvert, on descend dans des gorges ombragées jusqu’à une chute de 70 mètres. À faire au printemps, lors de la fonte des neiges.
  • Le sentier botanique de l’Ermitage (Alès) : Facile et pédagogique, il retrace l’influence de la garrigue méditerranéenne sur la flore cévenole, avec des panneaux d’interprétation sur le chêne vert, l’asphodèle ou l’immortelle.
  • Le chemin des Hêtres tortillards (Valat de l’Horte, Mont Aigoual) : Parcours familial au départ du col de Prat-Peyrot, entre bois de hêtres séculaires, blocs de granit et landes à myrtilles.

Préserver, comprendre et respecter la nature cévenole : conseils et sensibilisation

Les Cévennes sont le seul parc national français habité à l’année (23 000 habitants), dont l’équilibre est tissé par un rapport séculaire entre l’homme et la nature. La création du Parc national (en 1970) puis l’entrée au Patrimoine mondial de l’UNESCO (2011, voir UNESCO) reconnaissent la valeur universelle des paysages d’agropastoralisme, encore entretenus aujourd’hui par près de 600 éleveurs transhumants.

Pour soutenir ce patrimoine vivant, voici quelques gestes importants à chaque randonnée :

  • Respecter les interdictions de circulation (nombreuses zones sont fragiles et interdites en période de nidification des rapaces ou traversées de troupeaux).
  • Ne jamais cueillir plantes protégées ou champignons rares (orchidées, amanite tue-mouches…), même “en petite quantité”.
  • Se munir d’une carte IGN, car certains sentiers patrimoniaux ne sont balisés que localement et peuvent s’effacer sous la végétation.

Quelques chiffres pour mesurer la richesse du patrimoine naturel cévenol

  • 2 800 espèces végétales inventoriées, dont plus de 200 protégées (source : Parc National des Cévennes).
  • 86 espèces de mammifères (dont le cerf élaphe, la genette, mais aussi le fameux mouflon corse introduit dans les années 1950 sur le mont Lozère).
  • Plus de 2000 km de sentiers balisés recensés en Lozère et Gard (source : Conseil Départemental Lozère, Gard Tourisme), hors sentiers non officiels.
  • 39 “Espaces naturels sensibles” labellisés dans le Gard, accessibles pour certains par des circuits pédestres découverte.

À titre d’anecdote, les drailles de transhumance, ces pistes millénaires pour troupeaux et bergers, représentent encore plus de 850 km en activité dans le parc (Chiffres Parc National). Aujourd’hui, elles sont partagées par randonneurs, vaches, brebis… et le passage de la “Rescousse” (transhumance festive de juin) en est le point d’orgue patrimonial.

Explorer autrement : randonnées guidées, bivouac et séjours thématiques

Pour approfondir la découverte, il est possible de participer à des sorties guidées avec des naturalistes ou des associations locales. Les temps forts à ne pas manquer :

  • Sorties “nuit de la chouette” organisées chaque printemps par la LPO et le Parc, pour observer rapaces nocturnes et écouter les contes de berger.
  • Séjours bivouac sur le Mont Lozère ou le massif de Bougès (autorisation à demander au Parc), afin de dormir sous les étoiles à 1 500 m, au cœur des pelouses à gentianes et bruyères.
  • Stages et randos en lien avec le patrimoine paysan (fête de la transhumance, festivals du pain ou de la châtaigne, balades “de la bourre au fromage” avec des bergers locaux).

De plus en plus d’initiatives proposent aussi de combiner randonnée et rencontres avec des producteurs en circuits courts. Les sentiers passent souvent à proximité de fermes, moulins à huile ou ateliers d'artisans (miel, maroquinerie, cosmétiques naturels).

Pour ceux qui veulent aller plus loin : ressources et liens utiles

  • Le site du Parc National des Cévennes (cartes, réglementations, programmes d’animations toute l’année).
  • Association Sur le chemin de Stevenson (étapes, hébergements, conseils itinérance).
  • Le site INPN pour la découverte de la biodiversité par commune, espèces présentes, photographie et fiches à télécharger.
  • Guides pratiques : Rando éditions : « Les plus belles balades famille en Cévennes » (2022), FFRandonnée « GR®70 Stevenson », « Mont Aigoual et Cévennes méridionales ».

Randonner dans les Cévennes, c’est donc s’offrir bien plus qu’un défilé de panoramas spectaculaires. C’est plonger dans une histoire vivante entre nature et culture, respecter un équilibre fragile, et faire de chaque pas une expérience d’émerveillement. Ici, tout invite à ralentir, observer, écouter. Que ce soit pour quelques heures ou au long cours, chaque sentier cévenol vous offre à la fois un voyage dans le temps et une bouffée d’air libre – à savourer sans modération, en pleine conscience de la richesse du patrimoine naturel transmis par les anciens, et à préserver pour les générations à venir.

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